lundi 10 octobre 2011
6 mois
Vendredi j'ai fêté mes 6 mois de grossesse. Ça y est c'est officiel l'histoire diffère puisque cette fois le col va bien, l'utérus va bien, pupuce n'est pas en position d'appui, donc pas d'hôpital, pas de perf, j'en suis extrêmement heureuse et soulagée.
Ce week end une pluie toute fine est tombée, les feuilles ont changé de couleur, on a ressortit les gilets.
Samedi après midi, je me suis laissée emportée par un sommeil très lourd, j'ai entendu le téléphone sonner plusieurs fois, de loin, je n'ai pas eu la force de me lever pour décrocher. Il a de nouveau sonné quand Nanou est rentré du parc avec Tao, c'est lui qui a décroché. J'entends que c'est ma mère au bout du fil, qu'il s'est passé quelque chose, que quelqu'un est à l'hôpital, qu'on lui a extrait du liquide des poumons, je comprends que c'est mon grand-père.
Je me trouve égoïste dans mes pensées, je me dis que ce n'est pas le moment, qu'il faut qu'il attende, comme s'il avait le choix ! Je pense aux souvenirs que j'ai de lui, à mon rapport avec lui, petite conne ingrate qui rapporte tout à elle. Je me dis que je connais mal son histoire. Que je ne le voyais pas assez. Quelle imbécile.
Nanou m'explique, cela faisait une semaine que papi ne s'alimentait plus, il est à l'hôpital, son état n'est pas bon mais stationnaire. Ma mère doit nous rappeler le lendemain.
Le dimanche matin, il pleut encore de cette même bruine, j'ai ma mère au téléphone, j'entends à sa voix que c'est vraiment grave, elle dit que les organes de mon grand-père ne fonctionne plus, que pour le moment il est maintenu en vie par les machines, que toute la famille lui dit au revoir, je lui dis que je veux y aller aussi, elle dit que ce sera fatigant, m'explique les blouses, tout ça, je m'en fous, je veux dire au revoir à mon grand- père avant qu'il ne meure. Je lui dis que je la rappellerai demain pour qu'elle m'emmène.
Elle rappelle en fin d'après midi, c'est Nanou qui décroche, c'est la fin, papi s'en va, ils sont en train de rappeler tout le monde pour lui dire au revoir.
On enfile nos manteaux, on habille le petit, on y va.
A l'hôpital je commence par me perdre, puis je retrouve des cousins. Je n'ai pas reparlé à mes tantes, mes cousins depuis des mois... Je ne voyais plus que mes grands parents. On me guide jusqu'au vestiaire, jusqu'à la chambre. J'ai déjà des larmes, je me sens si bête, si gênée dans cette famille. Mon père est là mais je ne veux pas le voir, je ne le supporte pas. Je trouve la chambre, ma grand mère, ma mère elles pleurent, elles lui parlent elles le caressent. Moi je ne peux que lui tenir la main à travers les draps. Je n'arrivent pas à lui parler. Il est si petit, si fragile, les machines sonnent, mais c'est un mort que j'ai devant moi. Je m'effondre. Je me retrouve seule avec mamie, je la serre fort, elle pleure dans mes bras, elle m'embrasse, elle caresse mon ventre.
Je n'arrive plus à raconter cette journée, je n'arrive pas encore à encaisser. Mon grand- père est mort à 20h le 9 octobre.
Mon grand père était le premier modèle d'homme gentil que j'ai connu, celui qui m'a fait comprendre qu'on pouvait ne pas taper sa femme et ses enfants, il était doux, gentil, réservé, nerveux, grand, humble, simple.
Je ne sais pas grand chose d'autre de lui, je sais juste que c'est extrêmement douloureux de lui dire adieu, je suis contente d'être allée le voir avec Tao quand il était vivant.
édito du lendemain : J'ai du mal à terminer ce post. Il a donc fallu expliquer à Tao, comment explique t on la mort à un petit garçon de 2ans et demi, Nanou a su trouver les mots que je n'avais pas, pas de croyance, pas de métamophore, juste la vérité, grand papi est vieux, il est mort, quand on devient vieux un jour on arrête de vivre.
Hier soir Tao m'en a reparlé, avec des pourquoi partout, et mon ignorance comme réponse.
On a l'impression que ses grands parents, qui font notre enfance, qui nous voient grandir, qui accueillent notre propres enfants, seront éternels. Enfin rationnellement je sais que ce n'est pas le cas, mais en secret je ne veux pas voir cette vérité. Je savais que cela devait arriver un jour, il faut aujourd'hui que j'accepte que cela est.
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C'est avec une sincère émotion que j'ai lu ces lignes... Loin du formalisme habituel en de telles circonstances, je te dirai "simplement" que nous sommes là, prêt à t'écouter et t'apporter le soutien dont tu as besoin. Gros bisous à vous 3 1/2!
RépondreSupprimerMerci de tout mon coeur Do, je voulais l'écrire en pensant que ça sortirai de moi, et que ça irait mieux, mais finalement c'est aussi difficile à faire...
RépondreSupprimerje suis vraiment désolée Caro... que dire, j'ai vécu ce douloureux moment il y a maintenant 8 ans et j'ai toujours la gorge serrée quand j'y pense. Seul le temps dissipera un peu la peine. Garde bien les bons souvenirs en mémoire. Gros bisous
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