4 mois que petit bout de cacahuète pousse dans mon bidon.
Et je savoure. Pendant tout le temps où je n'ai pas été enceinte, j'ai attendu les sensations dans le ventre, les rondeurs menues qui s'installent, la phrase en boucle dans ma tête " je suis enceinte". Et puis voilà c'est arrivé, et une fois passées toutes les trouilles, tous les doutes, c'est juste si bon de porter un enfant.
Je ne me sens jamais aussi bien dans mes baskets.
J'adore sentir ses mouvements, qui me suivent, qui me répondent.
J'adore quand Tao pose sa tête ou sa main, et qu'ils se parlent.
J'essaye de me projeter dans notre vie à 4, notre bulle de famille, quel boulot, et quel paradis!
Je sais que ça ne sera pas facile, mais je ne suis pas inquiète, je sais qu'on trouvera un rythme, un fonctionnement, ou plusieurs qui nous conviendront.
Je vois dans les émissions, dans les magazines, des femmes qui réclament à corps et à cris un déclenchement, une césarienne programmée, une péridurale, comme si elle refusaient ce moment de leur vie où elles doivent perdre le contrôle du corps, de l'instant, comme si elles ne voulaient pas vivre ce moment, chacune son ressenti j'imagine.
Mais moi, je donnerai n'importe quoi pour aller jusqu'au bout de cette grossesse, pour en avoir marre d'être enceinte, pour saturer du gros ventre... Je donnerai tant pour quelques semaines, quelques jours de plus avec mon bébé au chaud dans mon ventre si difficile.
Je souhaite tellement pouvoir donner naissance à mon enfant sans rien d'autre que mon corps, parce que je sais qu'il sait faire, parce que je sais qu'il faudra s'abandonner au moment à la douleur, et que je n'en ai pas peur, parce que voudrai vivre cette naissance entièrement et lui faire le cadeau d'une venue au monde sans violence.
Cette grossesse, parce que j'ai le luxe du temps, celui de se recentrer, me pousse à l'introspection. Mon enfance me revient de plein fouet, avec ses moments de grâce et ceux de souffrance. L'âge de Tao y est pour quelque chose aussi, 2ans et demi, c'est là où remontent mes premiers souvenirs. L'enfance de mes enfants fait ressurgir les personnes, les odeurs, les goûts qui ont peuplé la mienne.
Et mon Nanou qui prend tant soin de nous, en a fait partie est aujourd'hui mon pilier.